Les quinze rescapés de la ferme de Moiran s'aventurent prudemment, car ils savent que des mines ont été posées autour des bâtiments, ils constatent les dégâts et tout ce qu'il faudra réparer ou reconstruire.
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Un obus a percuté une paroi du
grand bassin et une partie de l’eau se déverse dans le jardin
potager. |
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Le mur n'a
jamais été réparé
et au cours des années la végétation a pris la place de l'eau. |
Cinquante années après, les
traces des combats sont toujours visibles.
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En 2008 et depuis de nombreuses années, le grand
bassin est envahi par la végétation, mais la ferme est
toujours là, avec Françoise entourée par
l’affection de ses sept enfants, de ses nombreux petits et
arrières-petits-enfants.
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Aquarelle de Henri VINARD
Après le départ des américains et en attendant l’arrivée des équipes de déminage il faudra en première urgence :
* enterrer provisoirement (avec un mouchoir sur le visage) les cadavres qui se décomposent et qui rendent l’atmosphère irrespirable avec la chaleur du mois d’août.
* regarder sans cesse par terre pour ne pas sauter sur une mine.
* éviter de s’égratigner avec des ronces ou se blesser, car les moindres plaies s’infectent rapidement dans un environnement aussi pollué.
* récupérer, sur la route nationale, l’essence qui reste dans les bidons criblés de balles sur des camions non incendiés, abandonnés au milieu d’un cimetière indescriptible de carcasses d’engins de guerre. En effet, cette essence était bien utile pour faire fonctionner les véhicules motorisés et permettre de réparer les toitures, sauver les récoltes et creuser des tranchées pour enterrer les cadavres.
Malgré l'immense bonheur de voir que l’abomination nazie était sur le point de mourir, la guerre n'était pas terminée et se poursuivait encore dans le nord-est de la France. On pensait à ceux qui continuaient à se battre et à toutes les populations civiles qui vivaient encore ce que nous venions de vivre. Nous réalisions que nous étions des privilégiés puisque tout le monde dans la ferme était en vie, sans aucun blessé..
Dans ce climat de désolation et d’horreur nous apprenons que deux bombes atomiques viennent de tomber sur le Japon (l’une sur Hiroshima et l’autre sur Nagasaki) en faisant des centaines de milliers de morts et de blessés, avec des perspectives de pathologies et de malformations très graves pendant de nombreuses générations. Quelques temps après Françoise apprendra à son frère Henri que son meilleur ami (Georges BUDELOT) engagé dans le maquis du Commandant PIERRE à été tué en défendant le village de Beaufort sur Gervanne, à une quarantaine de kilomètres au nord-est de Loriol.
Hormis les habitants de la ferme, tout le monde regagnera son domicile habituel. Henri sera mobilisé et affecté à l'Hôpital militaire de Percy-Clamart dans la 22ème section d’infirmiers militaires. Cinquante années après, Françoise recevra la médaille de la reconnaissance, devant tous ses enfants et petits-enfants réunis dans la fameuse salle à manger transformée, à l'époque, en infirmerie pour soigner les blessés allemands victimes comme tout le monde de la barbarie et de la folie destructrice du genre humain.
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